Digitaliser les RP : quand le business oublie la notion même de « relation »

Mon cher Babbler, tu sais que je t’aime toi, tu as réussi à me faire rire au milieu d’une journée difficile et pour cela je te remercie. Je remercie également Nicolas Madelaine pour son excellente interview dans les Echos du 29/05/2017 intitulé « Le nouveau modèle de Babbler, la start-up reliant communicants et journalistes » (https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/030355867536-le-nouveau-modele-de-babbler-la-start-up-reliant-communicants-et-journalistes-2090174.php )
Ça nous change de ce que l’on pouvait lire en avril dernier quand tu annonçais fièrement avoir levé 2 millions d’euros de plus pour financer tes bureaux de New York ( https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/financer-sa-creation/021845584820-la-lente-revolution-digitale-des-relations-publiques-209658.php ) mais bon visiblement si on va voir sur ton site, plus rien à New York…
Très instructif que de comprendre que tu t’es fait accéléré, mentorisé avec des gens de très haute volée et que de tout cela tu as tiré une conclusion sur ton business model qui se passe de tout commentaire :

« Notre focus était sur les gens qui payent, c’est-à-dire les communicants entreprises et marques, mais avec nos mentors nous nous sommes aperçus qu’on avait mis de côté les journalistes et qu’on n’avait pas travaillé assez sur leur expérience d’utilisateurs, explique Sarah Azan. Même s’ils ne rapportent pas d’argent à court terme, ce sont eux qui sont susceptibles d’enclencher un cercle vertueux. »

Alors déjà lire ceci de la plume d’un journaliste (qui ne rapporte pas d’argent) me fait bien rire mais cela me confirme une chose qui me chiffonnait, moi l’attaché de presse de 50 ans qui se permet de l’ouvrir : on ne fait pas le même métier.
Ensuite se targuer de faire un outil de « Re-invention des RP » comme écrit sur le site, sans penser aux journalistes et à leur User Experience en dit long sur ta façon de considérer les journalistes et les communicants… enfin je trouve mais c vrai que je suis vieux et nativement trop con pour comprendre le monde dans lequel je vis et je travaille…
Remarques, cela explique surement ce papier de @ KYNERION en février dernier : http://www.onlike.net/web/babbler-fleau-moderne-rp/
Tu vois mon Babbler, il suffisait de lire et tout était déjà écrit ici 🙂

Bon, j’avoue mon Babbler, je suis taquin car je le savais déjà qu’on ne fait pas la même chose, en extrapolant un peu je me dis que tu as du t’embêter fort à faire des relations presse avant d’avoir cette idée « révolutionnaire », mot que tu utilisais au démarrage dans tes présentations mais disparu depuis pour un plus sobre « reliage de journalistes et de communicants »…

Mais le propos n’est pas là, en fait j’ai un truc à te dire mon Babbler : si tu arrêtais de me faire perdre de l’argent et du temps :

De l’argent car tu nourris cette fable qui laisse à penser que tout peut s’automatiser et se gérer par des plateformes, même les métiers de relation (tu sais dans RP il y a écrit relation et même dans e-RP et même en anglais). Et nourrissant cette fable, tu laisses à penser à plein de chefs d’entreprises ou de créateurs que faire des RP c’est comme prendre des mots clés chez Google ou faire une pub… et ça devient franchement insupportable…
On avait déjà les sites de diffusion de CP qui faisaient passer des vessies pour des lanternes en vendant une diffusion aléatoire à 50 ou 150 euros selon les cas et qui du coup entretenaient l’idée qu’un communicant est inutile, toi tu en rajoutes en laissant penser que sans ta plateforme, le RP moderne ne vaut rien…
En plus tu n’as pas vraiment inventé tant de choses car je faisais aussi du partage d’infos en groupe restreint avec les journalistes en 1996 ou 1997. Je n’avais pas d’algorithme c’est vrai, juste un cerveau et une idée toute simple : PR is Logical ! et donc je lisais la presse, j’appelais les journalistes, … de la relation quoi.

Ensuite cela me fait perdre du temps car tous ces gens qui ont vu ce que tu fais pensent que pour être moderne, branché et digitalement correct, il faut faire des relations presse révolutionnées à la sauce data… (D’ailleurs tu ne dis pas quelles datas tu utilises sur nos amis journalistes dis donc ?)
Si tu savais le nombre de responsables marketing ou de chargés de communication qui ne savent pas ce que c’est que faire des relations presse en vrai. Ils se disent qu’avec ta plateforme ils vont gagner du temps et certainement arrêter de s’emmerder avec un RP (interne ou en agence) qui leur pose des questions, se met à la place d’un journaliste qui recevrait un communiqué incompréhensible, ou tout bêtement essayerait d’aller plus loin dans le relationnel en faisant des trucs pour rien, pas une retombée, … oui cela fait aussi partie du métier mais cela se discute hein, je n’ai pas été mentoré.
Et puis pour eux, s’ils prennent ta plateforme, ils font des RP… tu ne le dis pas c’est vrai mais perso je le ressens en te lisant.
Alors il faut leur expliquer et convaincre et prouver que faire des relations presse c’est prendre en compte l’âge de l’entreprise, sa taille, sa place sur le marché, connaitre ce marché un peu, avoir les mots repères… leur expliquer aussi que ce qui est important pour une entreprise ne l’est pas automatiquement pour un journaliste, encore moins pour un blogueur, qu’un communiqué n’a jamais fait une couverture presse, que mon but est de créer un groupe de journalistes qui vont suivre l’entreprise, et faire grandir ce groupe, …. Toutes ces choses qui constituent mon job et celui de centaines de bons professionnels en France.

Bref, tu fais reculer la perception des relations presse à une vague application cloud saupoudrée de reporting, d’algorithme et de datas et avec cela je ne peux être d’accord.

Ne te méprends pas mon Babbler, je vivais de ce métier avant toi, j’en vivrai encore avec ou sans toi mais je suis monomaniaque et assez susceptible quand tu me dévalorises, quand tu prends des gens qui ne connaissent pas cette activité pour des imbéciles et qu’en prime tu te rends compte après un an et deux millions d’euros que ce qui compte c’est l’expérience du journaliste avec toi !

 
Une grande dame des relations presse m’a appris rigueur et remise en question permanente. C’est ce qui m’a permis de franchir un cap et de toujours penser que je fournissais un service aux journalistes, payé par les entreprises. Et c’est justement parce qu’il y avait ce service que les journalistes parlaient de ces entreprises.
Tu vois mon Babbler, on pas les mêmes mentors

4 commentaires sur “Digitaliser les RP : quand le business oublie la notion même de « relation »

  1. J’aime bien le ton et le fond de ce billet et j’en approuve le message global. Mais, à la vérité, je ne sais pas si mon intervention ici a une quelconque crédibilité : quand l’auteur écrit  » je suis vieux et nativement trop con pour comprendre le monde dans lequel je vis et je travaille… », sachez qu’après avoir visité sa bio j’ai pris conscience que je suis encore plus vieux que lui, retraité-actif, même, genre inoxydable, accroc au boulot. Rendez-vous compte, alors que la presse est en pâmoison depuis le 7 mai au sujet de l’âge du président Macron (il n’a que 39 ans, énoncent-ils, les yeux brillants), moi au même âge je n’étais dans les RP que depuis deux ans et, savez-vous, j’envoyais mes communiqués (tapés à la machine) sous enveloppe par La Poste après avoir recopié les adresses des destinataires à partir de fiches bristol. Ce procédé éloignait toute idée de spam. Il me permettait d’ajouter parfois sur le communiqué une phrase manuscrite personnelle à l’intention du journaliste : « Jean-Paul, ce qui est dit au 3e § devrait vraiment t’intéresser, il y a là l’idée d’une couv, j’ai des visuels… reparlons-en si tu veux bien à notre prochain déjeuner (toujours OK Chez La Grosse Maria jeudi 12 mars ?). » C’était des relations avec la presse, et sans se presser. J’écrase une larme et je ferme le paragraphe.

    Je laisse hors de critique la forme du billet ci-dessus, persuadé que son auteur y a volontairement adopté un ton badin et débraillé, ma foi de bon aloi…. je parle comme un vieux dites donc, avec des mots caducs ! Ainsi j’aurais dit « Numériser les RP » plutôt que « Digitaliser ». Mais fi du pinaillage. Des coups de gueule comme celui-là, il en faudrait d’autres, encore et encore, pour faire bouger les choses et en fin de compte, pouvoir, pour les seniors, faire à nouveau des RP agréables et gagnantes-gagnantes, et, pour les petits jeunes, découvrir le monde merveilleux des Relations Presse. Il faudrait pour cela, aussi, que nos amis journalistes apprennent à décoller les doigts de leur clavier, les yeux de leur moniteur… et l’arrière-train de leur fauteuil pour aller échanger avec nous Chez La Grosse Maria une heure ou deux de temps en temps. Et se fassent à l’idée que si leur téléphone sonne avec nous au bout du fil, ce n’est pas toujours pour les enquiquiner en leur demandant s’ils ont bien reçu notre communiqué (qui est est l’un des deux-cents douze entrés dans leur boîte email dans la journée d’hier).

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    • Bonjour Hervé,
      j’ai moi aussi commencé avec les Classeurs rouges qui permettaient de connaitre les journalistes, faire des étiquettes (en option à l’époque) et le plus souvent écrire les adresses à la mains. Je ne vois pas en quoi votre vision et votre commentaire seraient inadaptés car l’expérience a encore un peu de valeur dans ce monde il me semble.
      Le ton se voulait taquin oui mais je suis choqué et j’espère que cela se voit, que des gens qui se disent disrupteurs et innovateurs ne pensent pas (comme écrit dans l’interview des Echos) à leur public de base, en l’occurrence la presse 🙂 et j’avais besoin de réagir dessus depuis le temps que je lis des conneries à ce propos.
      Au plaisir
      @GAGparis

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